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Libre Pensée
31 décembre 2021

Décembre 2021.

« La vie, ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre comment danser sous la pluie. » Sénèque.

 

La vie s’écoule, avec parfois des prises de consciences, comme un temps de pause dans ce tourbillon, à l’image de cet automne, où tombent et virevoltent les feuilles jaunes orangés faisant un lit à l’aube de l’hiver. Comme ces feuilles, les souvenirs s’égrainent en un lit qui nous chauffe pour l’hiver de notre vie… Jaune orangé comme un tableau sublimé, les beautés mortes de l’hiver. Un hiver peuplé de printemps et d’étés, de beautés qui se renouvellent.

Les bons moments si éphémères qui ne durent juste qu’un temps. Le partage, vivre une pause familiale et savourer. Pourquoi, comme le dit Jung de la pensée qui sans cesse se rééquilibre, que j’appelle Gaïa du nom de la déesse grecque, comme un cycle naturel éternel, pourquoi la vie se rééquilibre sans cesse ? Pourquoi chaque bon moment ne se vit pas avec la même intensité ? Bons, pauses, mauvais, sentiments se succédant, sorte de patchwork à ne regarder que dans son ensemble, de loin, soit avec du recul. Patchwork ou peinture, constitués de petits bouts, de coups de pinceaux qui en font le corps, l’essence, le squelette, tout… Essayer de ne pas s’attacher, s’attarder aux détails ; faire l’effort de n’apprécier que l’ensemble. Si certains ne veulent ne voir que le positif, pour n’attirer que le positif en auto-suggestionnant ses actions, ce n’est voir que la luminosité, la lumière, or Pierre Soulages fait du noir des œuvres d’art, tout comme le spleen de Baudelaire et les Fleurs du Mal. Doit-on ne garder que les bons moments à l’esprit ? Comme un chemin directeur, un lumière au bout du chemin. Je me questionne.

De ce questionnement peut-il ressortir un principe de vie ? Schizophrène, hallucinée, envahie par des idées envahissantes, j’ai mis ma pensée en pause silence méditative et bouleversé ma réalité neurologique, pendant que je stabilisais les débordements, mais fragile doit toujours remettre en doute le réel. Si la psychose module votre cerveau, vivre et apprécier le réel signifie s’adapter et toujours vérifier ses sens, ses perceptions, les analyser intellectuellement, rationaliser pour être sûr qu’il n’y a pas narcose, hallucination, illusion. Ne plus jamais faire confiance à ces sens, ses perceptions, surtout au milieu de sa solitude, des non dits. Cela devient un mode de pensée, une façon de vivre. Partagé ou non, et pour certains incompréhensible, inaccessible, comme un gouffre.

Jusqu’où par la parole peut-on jouer sur sa psyché ? Si depuis Socrate, la maïeutique est l’accouchement de soi, si nos sages psychanalystes délivraient et délivrent toujours les symptômes par la parole, jusqu’où porte cette parole de vérité ? De même si pour Freud le silence, ne pas parler de ce qui pose problème, se transforme en symptôme que la parole en le libérant remettant à sa place dans le conscient ce silence qui devient parole de vérité, et par cette émergence se transforme, se déplace et devient le silence de son expression (le symptôme). J’utilise donc la force de cette parole, la force des mots pour arriver au bout de ce questionnement. Les mots, comme la symbolique de l’imaginaire, influent sur nous, ainsi un traumatisme peut avec le temps se transformer en résilience, une obsession tournée en dérision peut perdre de sa force… et ce ne sont pas des bouteilles de Klein, rondes, tourniquets infinis, se posant dans cette virevolte verbale la question de l’utilité. Pour résumer, ce n’est pas parce que je parle, j’erre au milieu des mots, que je parle pour ne rien dire. Cet usage des mots, de la parole, s’apparenterait à un journal intime, ayant un but, ultime, tout à fait personnel. Si l’usage est rendu publique, de ce questionnement pourra t-on en déduire un intérêt philosophique, une manière de penser, de vivre ? Pour l’instant, je suis le fil de ma pensée, sans plan tracé, une errance avec un but en filigrane, apprécier les épreuves de la vie, pour ce qu’elles sont, au même titre que les joies et bons moments. Cela ne s’improvise pas, cela s’apprend. On apprend à vivre. Pour moi, depuis les épreuves de ma petite enfance, la vie est un périple initiatique, où on apprend la sagesse au bout chemin… Sagesse si dure à acquérir ! Plus le temps passe, et plus je me dis que l’objectif est intenable. La vie m’a emmené à avoisiner la drogue, des situations de déconstruction. Ma réaction psychique à été de m’acharner à construire, encore et toujours… Comme je me suis battue pendant trente années à construire par-dessus ma maladie, par-dessus la schizophrénie pour déconstruire le délire puis le symptôme hallucinatoire. Ce n’est plus un mode de vie, un pli, une habitude, c’est devenu un mode de fonctionnement. Peut-être est-il temps d’évoluer ? Ce n’est pas tourner la page ! C’est justement tout ce passé qui nous construit. Toutes les épreuves de la vie qui comme des feuilles, des mots, virevoltent, se posent et forment notre tableau, notre psyché. Tous ces souvenirs comme un coup de pinceau du Maître de la vie. Le recul nous aide à contempler l’oeuvre de l’artiste, mais comment en apprécier l’ébauche dans l’instant ? Certains dans la projection, dans la finalité y voient la beauté, l’art. Doit-on à chaque épreuves de la vie se projeter dans notre propre finalité, comme la sagesse pour supporter douleurs et peines… Sans tomber dans la religiosité ou Dieu nous initie, Dieu éprouve notre foi en lui-même. Son omnipotence formant une carapace protectrice, des bras invisibles protecteurs. Doit-on détourner l’attention de la violence de la vie pour mieux la supporter, où doit-on comme le spleen de Baudelaire se suffire à soi-même ? Je ne veux certes pas sombrer dans les travers de la synesthésie et confondre le bien et le mal. Même les drogués qui sécrètent de la sérotonine pendant leurs bad trips, comme on peut prendre plaisir à un horrible cauchemar au plus profond de notre sommeil, ne marquent pas toujours cette confusion, qui se transforme en symptômes. De fait, si je trouve une forme de beauté dans les Fleurs du Mal, si l’esthétique vient des mots, de la symbolique, comment appréhender le laid, qui intrigue (L’inquiétante étrangeté de Freud), les épreuves, la souffrance, les problèmes, les vicissitudes comme on apprécie une œuvre d’art ? Doit-on trouver du bon dans les malheurs du Petit chose d’Alphonse Daudet ? Enfant, la triste lecture de ce livre m’a réjouit sur mon sort bien plus heureux. Doit-on vivre dans la comparaison avec le malheur, l’horreur pour se suffire de son quotidien propre ? Dans ce voyeurisme trouve t-on les armes pour relativiser ?

Les mots, les phrases, les idées se succèdent, mais rien ne soulage mon mal-être, cette petite misère qui ne me suffit plus à moi-même. Je veux retrouver la force de sourire, d’affronter la vie avec gaieté. Retrouver cette petite étincelle de sérotonine ! Jeune, que de crise de fou rire, limite hystérique, pour une raison ou une autre, ou pour une coupe de mousseux ! Sur le fil de l’anorexie. Toujours sur les nerfs. Rire. Simulacre de joie de vivre. Le Masque, poème des Fleurs du Mal de Baudelaire. Mais dans ce jeu de dupe, le rire, même s’il sonnait faux, m’emportait dans son éclat et finissait par m’enthousiasmer, me contaminer. Mais avec le temps, le rire, c’est fait peau de chagrin. Comme un fou sur ressort s’éjectant de sa boite, jeu d’enfant, le rire surgit par delà mes traumatismes obsessionnels pour en défaire les symptômes, et les chasser au loin dans les souvenirs inoffensifs. Puis le rire s’est éteint devant la dure réalité de la drogue, de sa déconstruction intérieure, des vieux traumatismes réactivés dont je n’arrive pas à relativiser, de la dure réalité de la psi, ces demi potentiels d’actions, qui par la répétition et l’intuition révèlent la perception des sens qui comme une stimulation nerveuse agit, investit votre cerveau, votre psyché, une réponse à un stimulus dont vous ne pouvez y échapper. Stimulus produit par quelqu’un au loin dans le réel, qui lorsqu’il est conscient lui-même de la psi est comme le dirait Freud dans le Principe du Plaisir, de la Douleur. Cette souffrance psi disparaît s’il n’y a plus de stimulus, imputant cette souffrance à autrui. Ceci m’offre désarmée à la merci de quiconque cherche à me nuire volontairement ou involontairement, faisant de ma personne toute cette extrême fragilité qui m’a volé mon sourire… Absence qui s’est fixé dans la méditation sans pensée.

Mais comment expliquer la psi ? Relater ma première expérience psi, entre impressions, propos perçus dans le vent et hallucinations, puis ces perceptions qui empêchent toutes concentrations. Tout d’abord le harcèlement manifesté par la succession de propos inappropriés… Les fameux mots, cette parole qui quand elle s’inscrit dans le réel peut parfois faire si mal. Comment des mots peuvent être si destructeurs ?  « La petite bête qui monte, qui monte, et qui descend... » vers la culotte ! « Tu viens, on va essayer le lit ? » « Je vais mettre la grosse araignée dans ta culotte ! » Des mots. Un oncle. Un adulte. Une petite fille de cinq, six ans. Et les abysses. Les haies du jardins bougeaient et cachaient un monstre. La petite fille a appelé au-secours Cannibale croyant que c’était un prénom, mot induit par une conversation au loin entre un père et un grand-père qui tuaient des agneaux dans la bergerie. Le silence d’une hallucinée qui voit des images défilées devant ses yeux. Mais à part elle, personne ne peut appréhender cette narcose. Puis à l’école le conte musical Pierre et le Loup raconté aux enfants de la classe d’à côté, qui au paroxysme psi m’empêche de me concentrer, puis se mélangeant dans une danse de nouveau à la narcose, à la limite de l’hallucination… Cette agitation psychique, intuitive provoquée par un traumatisme. C’est le mot, la parole le traumatisme, ou sa symbolique, le viol, l’agression sexuelle, l’intrusion dans son intimité, le choc du symbolique. C’est le refoulement de propos déplacés qui a provoqué le puzzle inconscient de ma schizophrénie. Qu’a été le plus traumatisant le propos, ou sa symbolique ? Sa symbolique qui s’est heurté au mur du silence mnésique et n’a de fait pas été relativisé, remit à sa place, défait de toute sa force symbolique par des phrases qui la rééquilibre, la tempère.

La psi, proche de la narcose, à la limite de l’hallucination portée par le puzzle de l’inconscient. Mais que se passe t-il quand la parole libère le puzzle psychotique et fait taire l’hallucination, schizophrénie stabilisée, résiduelle ? La psi devient des sens intuitifs perçus par l’inconscient remontant à la conscience comme un stimulus. Répétition du réel. Ce principe du Plaisir, de la Douleur fait-il parti de ces mécanismes de vigilance par l’inconscient qui prévient du danger dans la narcose, dans cette bulle d’impressions, de sensations, d’idées envahissantes qui se rééquilibrent déraisonnent, comme avant que cela ne devienne le quotidien, pendant des mois, sans interruption de la réalité schizophrène ? La seule différence entre cet état de narcose, et la schizophrénie est la constance dans le temps. Revenons à la psi. Mon cerveau révèle tous les stimuli perçus par mon inconscient, de type olfactif et auditif. Cela comme une simple répétition, avec toujours le risque de rebasculer dans la narcose, même si la méditation du pas de pensée renforce la stabilité psychique. Je voudrais prendre du recul face à ce stimulus, défaire sa symbolique, son affect. Ainsi chacun est libre de se droguer, donc d’avoir des odeurs émanantes. Chacun est libre arbitre de ses choix, sauf que cette odeur me révulse, me perturbe. Je me suis posé la question si elle était hallucinatoire, au vu du gros désagrément, sauf qu’elle ne perdure pas, là où les hallucinations sont une constance. Tout doit dépendre de la méthode. Méthode que j’essaie de manière intuitive de débusquer. Si les Alors comment se sortir de ce mauvais pas ? Les épreuves se succèdent. Mon chaton joue à la roulette russe, péritonite infectieuse ou non, vivre ou mourir. Un sursit, ou la fin ? Si nous cherchons un sens à la vie, nous sommes tenté de dire que la chance tourne… Mais la chance existe-t-elle ? Les épreuves se synchronisent-elles ? Tenté de succomber à la morosité de l’automne ? Je m’y refuse. Le mal se définit dans l’ombre du bien, par clair-obscur. Le printemps succède à l’hiver qui succède à l’automne succédant à l’été. Après la pluie, l’arc-en-ciel annonce la soleil.La vie, la mort, et encore la vie. Toute la nature vit ces oppositions, ces cycles. Tout se rééquilibre constamment. D’où l’idée, comme la nature apprécier le monde, les évènements de manière égale, quelques soient les rééquilibrages…. Est-ce là une forme de sagesse ? Est-ce l’art du stoïcisme ? Est-ce régresser au rang des animaux en ne réagissant, intellectualisant plus, ou est-ce s’élever ?animaux se purgent de instinctivement en mangeant de l’herbe, pourquoi acculée, ne trouverai-je pas la solution à mon problème ? Comment trouver agréable des désagréments, en en faisant des vertus ? Ou en philosophant, et intellectualisant sur l’ambivalence de la nature, de Gaïa ? Si on peut être prostré et ne pas réagir face aux hallucinations, peut-on être prostré face aux vicissitudes de la vie ? Doit-on passer par la soumission ? Doit-on être contraint par la vie ? Mais soumission et contrainte alimentent les révolutions, les transgressions. Le fou à ressort sort de sa boite, de son jeu d’enfant, de manière impromptue.

 

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